Le Vice-premier ministre, ministre des Affaires Étrangères et Francophonie, Christophe Lutundula Apala Pen’Apala, et la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en République Démocratique du Congo et Cheffe de la Monusco, Bintou Keita, ont réaffirmé le 13 janvier 2024, dans un communiqué, la volonté des deux entités à œuvrer ensemble pour un retrait progressif, responsable, honorable et exemplaire de la Mission de la République démocratique du Congo.
Le mandat de la Monusco a été renouvelé le 19 décembre 2023 pour un an à l’unanimité par le Conseil de sécurité avec comme axe fort le démarrage du désengagement de la Mission. Ce désengagement se fera en trois phases distinctes, conformément au plan co-signé le 21 novembre 2023 par Bintou Keita et Christophe Lutundula.
Tout n’a pas été mauvais, estime une actrice de la société civile basée à Uvira, Sud-Kivu
« Personnellement, je trouve que certaines personnes ont été manipulées. C'est un risque aussi pour la RDC et pour la sous-région. Les agents et cadres de la Monusco sont en RDC comme des observateurs neutres. Mais si la Monusco doit partir, est-ce qu'il y a des gens qui vont sécuriser les parties qu'elle occupe et être neutres ?», s’est demandé Gegé Katana, une actrice de la société civile de la ville d’Uvira dans le Sud-Kivu.
Pour cette actrice de la société civile, il y a des choses positives que la Monusco a faites. Si tout est négatif, c'est-à-dire que la société est aussi négative parce qu'il y a des actions que la Monusco a mené avec la société civile et surtout avec des organisations locales. Il y a des actions qu'elle mène avec les femmes même avec les gens de la société civile, avec d'autres organisations et même avec le gouvernement, a-t-elle souligné.
Gegé Katana reconnaît que le tout n'était pas négatif. Il revenait au gouvernement congolais d’expliquer à la population quel était le contrat, quelle était la limite de la Monusco et quelle était la limite du gouvernement. C'est le gouvernement qui décidait tout. La Monusco ne devrait pas prendre le devant. « Moi je travaille pour la paix, la sécurité et la stabilisation du pays. Je ne vois pas seulement la RDC mais je vois le niveau sous-régional, des relations avec des pays voisins que ça soit le Rwanda que ça soit le Burundi ».
Gegé Katana pense qu’il revient au gouvernement congolais d’expliquer à la population quelle était la limite de la Monusco ? Quelle était la responsabilité de chacun ? qui devait décider ? Est-ce qu'elle pouvait décider à la place du gouvernement ? Autant de questions qu’elle se pose. La Monusco est en RDC pour accompagner le gouvernement congolais.
« La Monusco ne devrait pas prendre des armes à la place des Forces armées de la RDC pour aller combattre ou par exemple qu’elle fasse la guerre au Rwanda ou au Burundi. C'est le gouvernement congolais qui devait décider. C'est le président lui-même qui devrait prendre des décisions ».
Gegé Katana soutient par ailleurs que la responsabilité est de tous les côtés. Et du côté du gouvernement et du côté de la Monusco mais également du côté de la population. « Le problème est au niveau de la communication et de l'information. C'est là que réside le grand problème. Nous ne savons pas quelle était la responsabilité de la Monusco avec le gouvernement par rapport à la convention qui la lie au gouvernement congolais. Quelle était la limite et la responsabilité de chacun ?
C'est ça le grand problème. La Monusco a-t-elle respecté sa mission ou pas. Est-ce que la population était informée du contrat de la convention ? »
Travail en synergie entre la Monusco et la RDC
« Nos équipes ont travaillé en synergie, dans un esprit constructif et avec beaucoup de sens de responsabilité. Elles ont produit un plan de désengagement pour un retrait progressif, responsable, honorable et exemplaire de la Monusco et fixé les modalités de transfert progressif des tâches de la Monusco au Gouvernement congolais. Le Conseil de sécurité a endossé ce plan et nous allons mettre en œuvre ensemble cette stratégie de désengagement pour matérialiser la vision du Chef de l’Etat de faire du retrait de la Monusco un modèle de transition d’une opération de paix des Nations Unies », a affirmé le Vice-premier ministre, Christophe Lutundula.
Pour sa part, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, Bintou Keita a remercié les autorités congolaises pour leur engagement et leur franche collaboration tout au long du processus. « Pour la première fois, le Conseil de sécurité des Nations Unies adopte un mandat qui demande à la Monusco d’entamer son retrait de la RDC. C’est un moment historique. Nous ne ménagerons aucun effort avec nos partenaires congolais afin de mener à bien ce processus. Je salue la volonté des autorités congolaises de faire du désengagement de la MONUSCO un modèle de transition réussie d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies », a indiqué Bintou Keita.
La première phase de ce plan de désengagement concerne le retrait complet des composantes militaires et policières de la Monusco de la province du Sud-Kivu, au plus tard au mois d’avril 2024. A cette occasion, plusieurs bases militaires de la Monusco seront transférées au Gouvernement.
La deuxième phase prévoit un retrait de la Monusco du Nord-Kivu après son retrait du Sud-Kivu et à l'issue de l’évaluation de la première phase du désengagement, tel que demandé par le Conseil de Sécurité. La troisième phase commencera après l'achèvement de la phase 2 et de son évaluation, et conduira au retrait complet de la province de l'Ituri. Après 25 ans de présence, la Monusco quittera définitivement la RDC au plus tard à la fin de l’année 2024. La Monusco réitère sa détermination à mettre en œuvre son mandat de protection des civils aux côtés des forces de défense et de sécurité congolaises.