Un nouvel acte de justice populaire d’une extrême violence a secoué la ville de Beni, dans le quartier Ngongolio, commune de Mulekera le jeudi 8 mai 2025 dans la matinée.
Une femme non identifiée, originaire du village de Kyanzaba, à l’ouest de Beni, a été lynchée par une foule en colère avant d’être brûlée vive, selon les informations recueillies par notre rédaction.
Les faits, aussi tragiques que révélateurs de l’état de fragilité sociale et sécuritaire dans la région, ont été confirmés par le chef du quartier Ngongolio, joint par notre confrère Trésor Kapepela. La victime est accusée par certains habitants d’avoir empoisonné sa propre nièce, une élève vivant à Ngongolio, qui s’était rendue à Kyanzaba dans le cadre d’un stage scolaire.
La jeune fille aurait présenté des signes inquiétants à son retour, ce qui a rapidement alimenté des soupçons dans son entourage. La nouvelle s’est répandue à grande vitesse, déclenchant une montée de colère parmi les proches et certains membres de la communauté. La rumeur a suffi pour que la femme soit extraite de la morgue de Ndindi, puis ramenée à Ngongolio où elle a été brutalement tuée et brûlée, sous les regards impuissants de certains témoins.
Aucune source officielle ne confirme pour l’instant la véracité des accusations portées contre la victime. Ce drame soulève une fois de plus la question de la prévalence de la justice populaire dans plusieurs coins du pays, où l’absence de confiance envers les institutions judiciaires pousse la population à se faire elle-même justice – souvent dans la barbarie.
Aucune autorité judiciaire ni administrative ne s’est encore exprimée publiquement sur cet acte, qui pourrait constituer un homicide prémédité. Les organisations de défense des droits humains condamnent régulièrement ce type d’exécutions sommaires, appelant à des enquêtes rigoureuses et à l’instauration de l'État de droit.
Alors que la région de Beni reste marquée par une insécurité persistante, le recours aux lynchages publics met en lumière une urgence sociale profonde, qui nécessite à la fois justice, éducation citoyenne et protection institutionnelle des accusés et des victimes.
Magloire Mutulwa