Une vaste opération de bouclage menée le lundi 12 mai matin par les forces de sécurité de l’AFC-M23 dans plusieurs quartiers de la ville de Goma a permis la saisie de plus d’une dizaine d’armes à feu, la récupération d’effets militaires et l’arrestation de plusieurs individus suspectés d’activités criminelles.
Le quartier Mugunga a été l’épicentre de cette opération sécuritaire. Selon les autorités provinciales, ces bouclages s’inscrivent dans une stratégie plus large de lutte contre l’insécurité urbaine qui gangrène la ville depuis plusieurs mois. « L’objectif est clair : mettre fin aux réseaux de bandits armés qui perturbent la paix au sein de la population civile », a indiqué un officier de terrain sous couvert d’anonymat.
Le bilan préliminaire livré par la Cellule de communication du Gouvernorat du Nord-Kivu, contrôlé par l’Alliance Fleuve Congo (AFC-M23), fait état de résultats jugés « encourageants ». Outre les armes saisies, plusieurs présumés criminels ont été appréhendés. Des pièces d’équipement militaire ont également été récupérées, confirmant les soupçons d’infiltration d’éléments armés dans les zones résidentielles.
Interrogé à ce sujet, Dunia Muderhwa, membre de la coordination provinciale de la mobilisation et du recrutement, a précisé que certains civils arrêtés dans le quartier Mugunga seraient relâchés après des auditions approfondies. « Nous agissons avec professionnalisme et discernement », a-t-il affirmé, en réponse aux préoccupations soulevées par certaines familles.
En effet, si une partie de la population se réjouit de cette offensive sécuritaire, d’autres expriment des inquiétudes. Des familles redoutent des arrestations arbitraires dans un contexte de crise institutionnelle marqué par l’absence fonctionnelle de la justice dans les zones contrôlées par l’AFC-M23. Ces craintes révèlent le dilemme entre exigence sécuritaire et respect des droits fondamentaux, notamment en matière de détention préventive.
La Cellule de communication du gouvernorat insiste néanmoins sur le caractère ciblé et méthodique de l’opération. Elle affirme qu’aucune interpellation ne sera faite sans élément de suspicion fondé, et que le processus d’audition vise à différencier les suspects réels des simples citoyens interpellés par erreur. « Il s'agit d'une démarche structurée et encadrée par un commandement responsable », peut-on lire dans le communiqué officiel.
D’autres bouclages similaires sont prévus dans les jours à venir et concerneront progressivement tous les quartiers de la ville de Goma, selon la même source. L’objectif affiché reste la pacification de la ville et la mise hors d’état de nuire des groupes criminels actifs dans la zone. Toutefois, aucune date précise n’a été communiquée pour les prochaines interventions.
Dans un contexte de gestion fragmentée du Nord-Kivu, où une partie du territoire reste administrée par le gouvernement central à partir de Beni tandis que Goma et ses environs sont sous le contrôle de l’AFC-M23. Ces opérations posent des enjeux de légitimité et de confiance. Les populations attendent des garanties que la sécurité ne se fasse pas au détriment de leurs droits fondamentaux, notamment en matière de justice et de recours.
Pour l’heure, les habitants de Goma restent partagés : entre soulagement face à la fermeté contre la criminalité et inquiétude devant l’opacité de certains actes de procédure. Reste à savoir si ces bouclages aboutiront à une paix durable ou s’ils aggraveront la méfiance entre administrés et forces de sécurité dans une région encore marquée par l’instabilité.
Magloire Mutulwa