Des millions de personnes confrontées à la misère alors que la violence force les populations à fuir une nouvelle fois

Des millions de personnes confrontées à la misère alors que la violence force les populations à fuir une nouvelle fois

L’intensification des conflits et de la violence dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) au cours des derniers mois a plongé des centaines de milliers de personnes dans des conditions extrêmement précaires, avertit le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), Jan Egeland, en visite cette semaine.

Les familles déplacées qui s’étaient réfugiées dans des sites temporaires ont une fois de plus été contraintes de fuir, alors que les combats et les abus exposent les populations à des situations mettant leur vie en péril. L'explosion des besoins humanitaires exige une attention immédiate de la part d'une communauté internationale qui a tourné le dos trop longtemps aux populations vivant dans ce contexte de crise. Les parties au conflit doivent mettre fin à la violence à laquelle sont confrontés les civils.
« Je suis vraiment choqué par les conditions de vie que j'ai vues dans Goma et aux alentours. La vie de centaines de milliers de personnes dans l'est de la RDC ne tient qu'à un fil », a déclaré M. Egeland. « Dans tout le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, des civils ont été contraints à plusieurs reprises de fuir les camps, où les installations essentielles étaient déjà souvent déjà inadéquates. Aujourd'hui, la plupart d'entre eux se retrouvent dans des endroits dépourvus d'abris, d'installations sanitaires de base ou d'eau potable, ce qui entraîne une augmentation rapide des maladies telles que le choléra ».
« Notre personnel courageux est resté à Goma au plus fort du conflit et, en l'espace de quelques jours seulement, a de nouveau apporté son soutien à la communauté. Mais de nombreuses personnes déplacées dont j’ai entendu le témoignage cette semaine ont tout perdu après des années de violence. Il est inacceptable que quelques organisations humanitaires seulement soient laissées seules face à la multitude des besoins. Il est grand temps que l'aide apportée ici augmente pour être à la hauteur de l'ampleur des souffrances humaines. Des solutions à long terme doivent être mises en place, en permettant aux enfants de retourner rapidement à l'école, en rouvrant les banques et en mettant immédiatement fin à la violence et aux menaces de violence à l'encontre des civils ».
Depuis l'offensive du M23 dans la région au début de l'année, on estime que 1,2 million de personnes ont été déplacées dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. 1,8 million de personnes ont été contraintes de retourner dans leur lieu d'origine, souvent dans des endroits profondément marqués par des années de conflit entre de multiples groupes armés. Les civils sont confrontés à des menaces, aux violences basées sur le genre et à des privations extrêmes. Les munitions non explosées continuent à empêcher de nombreuses communautés de cultiver pleinement leurs terres.
« Les combats et le conflit se poursuivent, et des milliers de familles sont prises au piège, sans les moyens de reconstruire leur habitat ou de cultiver de la nourriture. Après plus de deux décennies de guerre, c’est une indignité que la communauté internationale ne se penche pas davantage sur la situation des civils dans l’est de la RDC. Aujourd'hui, cette situation s’aggrave encore », a déclaré M. Egeland.
Les équipes de NRC apportent une aide d'urgence aux personnes déplacées, mais les fonds disponibles sont insuffisants. Les États-Unis ont longtemps été le plus grand donateur d'aide d'urgence et d'aide au développement dans le pays, mais de nombreux projets financés par les États-Unis ont été interrompus ou mis en pause en raison de changements au sein du bailleur USAID, juste au moment où les besoins humanitaires en RDC ont augmenté de manière vertigineuse.
Pendant huit années consécutives, la RDC a été classée parmi les crises de déplacement les plus négligées au monde, en raison des cycles répétés de conflits, du manque de financement de l'aide et d'attention des médias, ou d'une diplomatie humanitaire et de paix efficace. Des millions de personnes ont été chassées à plusieurs reprises de leurs maisons, puis de camps, souvent à plusieurs reprises. Les familles ont été poussées à faire des choix impossibles pour simplement survivre, comme se rendre dans des zones dangereuses pour trouver du bois à vendre, échanger des relations sexuelles contre de la nourriture ou envoyer de jeunes enfants mendier de l'argent.
« Le niveau de négligence globale dont sont victimes les civils dans l'est de la RDC devrait faire honte aux dirigeants du monde. Aujourd'hui, alors que l'insécurité est profonde et que de nombreuses familles sont retournées dans leur région d'origine, une action concertée doit être menée pour enfin soutenir correctement la population. L'aide humanitaire et l'aide au développement doivent maintenant être prioritaires : la population de la RDC ne doit plus être confrontée à cette situation », a déclaré M. Egeland.

La Gazette du Continent.

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