Les agents du secteur de mobile money et les cambistes font face à une montée inquiétante de l’insécurité en ville de Goma, située au Nord-kivu à l'Est de la République Démocratique du Congo.
Depuis fin janvier, plus de cinq d’entre eux ont été la cible de cambriolages violents, certains blessés grièvement, d’autres tués. Le phénomène semble s’intensifier dans un contexte où la fermeture de plusieurs banques dans la ville accroît la vulnérabilité de ces opérateurs économiques.
Lors d’un entretien accordé à votre rédaction le jeudi 1er mai 2025, l’un des agents a exprimé sa vive inquiétude. « Actuellement, quand quelqu’un vous voit effectuer un retrait, il pense automatiquement que vous rentrez avec l’argent à la maison. Avant, on pouvait encore le sécuriser en banque avant la fermeture à 15 heures, mais aujourd’hui, nous n’avons plus cette option. Nous sommes exposés ».
Ce professionnel du mobile money affirme que, rien que cette semaine, plus de cinq de ses collègues ont été attaqués, certains blessés par balles. Il souligne toutefois que de nombreux cas échappent à la presse, car les victimes n’ont pas toujours la possibilité de se faire soigner dans les structures sanitaires connues ou de témoigner publiquement.
Face à cette vague de violence, les opérateurs appellent les autorités locales à agir rapidement et fermement pour prévenir d’autres drames. Ils encouragent également leurs collègues à adopter des mesures de sécurité strictes, notamment en limitant les opérations tardives et en évitant de conserver des liquidités à domicile.
Cette insécurité s’inscrit dans un contexte plus large de transition économique. Depuis le 7 avril dernier, la coordination de l’Alliance Fleuve Congo-M23 (AFC-M23) a lancé la reprise officielle des activités de la Caisse Générale d’Épargne du Congo (CADECO) à Goma. Présentée comme la « Banque du Peuple », la CADECO est censée assurer un rôle de régulation financière dans les zones dites libérées par l’AFC-M23, en remplacement de la Banque centrale du Congo, absente dans ces territoires.
Mais pour l’instant, cette relance bancaire peine à rassurer les petits opérateurs, pour qui la sécurité physique des agents et des flux financiers reste la priorité absolue.
Magloire Mutulwa