La ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu à l’est de la République Démocratique du Congo, a connu une nouvelle nuit marquée par des actes d’insécurité dans plusieurs de ses quartiers dans la nuit du dimanche au lundi 7 mars 2025.
Entre tentatives d’effraction, pillages et coups de feu, la population reste confrontée à un climat de tension permanent.
Dans le quartier Lac Vert, situé à l’ouest de la ville, des individus non identifiés ont tenté de forcer des portes sur les avenues Kabande et Kimbanguiste, selon des sources locales. Aucune intrusion effective dans les habitations n’a été signalée, mais les tentatives ont semé la panique au sein de la population. Ce quartier, relevant de la commune de Goma, est régulièrement cité parmi les plus touchés par les incidents sécuritaires ces dernières années.
Un incident grave a également été signalé dans la même zone, sur l’avenue Universitaire, où l’orphelinat Global Bright Children/The Kivu Project a été la cible d’une attaque aux environs de 2 heures du matin. Selon le Dr Antoine Serushago, responsable du département Santé de l’orphelinat, des assaillants armés ont tenté de pénétrer les lieux, mais ont été repoussés grâce à la mobilisation des enfants, des encadreurs, de voisins et des autorités de base. Des pierres et des cris d’alerte ont permis de faire fuir les assaillants, qui ont ouvert le feu en se retirant. Un garçon orphelin de 13 ans, Prince Ulimubenshi, a été blessé à la jambe gauche par balle. Il a été pris en charge médicalement en urgence, puis transféré à l’hôpital CBCA Ndosho pour un suivi médical et psychologique. Les services de sécurité sont intervenus sur les lieux pour une évaluation de la situation, qui reste actuellement sous contrôle. Un soutien psychosocial est en cours pour accompagner les victimes de cet événement traumatisant.
À Katindo, sur l’avenue Masisi, au moins neuf maisons ont été la cible d’attaques menées par des groupes armés non identifiés. Des biens de valeur ont été emportés au cours de ces actes de pillage. Aucune victime n’a été rapportée, selon les informations recueillies sur place.
Dans une autre zone de la ville, à proximité de "Chez Mwarugo", des échanges de tirs ont été entendus durant la même nuit. Plusieurs personnes ont été blessées, dont un homme identifié comme Prince Munguiko, originaire du quartier Mugunga.
Des coups de feu ont également été signalés dans d'autres secteurs, accentuant le climat de peur parmi les habitants. Cette situation sécuritaire s’inscrit dans un contexte plus large marqué par une instabilité persistante dans la région.
Depuis le 27 janvier 2025, la ville de Goma est sous le contrôle du mouvement armé de l'Alliance Fleuve Congo-M23. Ce groupe a étendu son influence sur plusieurs entités des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Les nouvelles autorités en place ont affirmé être venues protéger la population. Toutefois, malgré cette déclaration initiale, des actes de banditisme armé continuent d’être signalés dans différents quartiers de la ville.
Des observateurs estiment que la dégradation du climat sécuritaire pourrait être liée à la libération de plusieurs détenus criminels dans la Prison de Munzenze lors de la prise de Goma, un événement survenu au moment de l’entrée des forces rebelles dans la ville. À ce jour, les nouvelles autorités du Nord-Kivu ne se sont pas encore exprimées publiquement sur la situation sécuritaire actuelle.
La Gazette du Continent