L'étau se resserre t-il autour de l'ancien président Joseph Kabila, de sa famille biologique ainsi que ses soutiens politiques ?

L'étau se resserre t-il autour de l'ancien président Joseph Kabila, de sa famille biologique ainsi que ses soutiens politiques ?

Le ministre de la Justice de la République démocratique du Congo, Constant Mutamba, a ordonné samedi 19 avril 2025 l'ouverture de poursuites judiciaires contre Joseph Kabila, ancien président du pays, ainsi que contre ses complices, soupçonnés de soutenir le groupe rebelle AFC/M23, appuyé par l’armée rwandaise.

Dans un communiqué officiel, le ministre a donné instruction à l’auditeur général des Forces armées de la RDC (FARDC) et au procureur général près la Cour de cassation d’engager des poursuites contre l’ex-chef de l’État, qui a dirigé la RDC pendant 18 ans. Par ailleurs, il a ordonné la saisie de l’ensemble des biens mobiliers et immobiliers appartenant au sénateur à vie Joseph Kabila.

Le communiqué précise également que des mesures de restriction de mouvement ont été prises à l’encontre de tous les membres et responsables du PPRD, le parti de Joseph Kabila, impliqués dans cette affaire qualifiée de haute trahison envers la nation. Ces mesures visent à empêcher toute tentative de fuite ou de dissimulation de preuves.
Cette décision intervient dans un contexte de crise sécuritaire persistante dans l’Est du pays, où les rebelles de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et ceux du Mouvement du 23 Mars (M23), soutenu par le Rwanda, mènent une offensive armée contre les forces gouvernementales, causant des milliers de morts et des millions de déplacés. Joseph Kabila est accusé d’avoir participé directement à cette agression, ce qui constitue, selon le gouvernement, une violation grave de la souveraineté nationale.

Suspension des activités du PPRD

Parallèlement, le gouvernement, à travers le ministère de l’Intérieur, a annoncé la suspension sur tout le territoire national des activités du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD), dont Joseph Kabila est l’autorité morale, accentuant ainsi la pression politique sur l’ancien président et ses alliés. Il y a quelques semaines, plusieurs hauts responsables de ce parti avaient déjà été entendus par la justice.
Dans un autre communiqué publié le même samedi, le ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a dénoncé le "silence complice" du PPRD face à l’agression rwandaise dans l’est du pays et l’activisme de son autorité morale dans la guerre en cours.

Contexte et réactions

Le 18 avril, Joseph Kabila, président honoraire et sénateur, est arrivé à Goma, dans la province du Nord-Kivu, actuellement sous contrôle des rebelles AFC/M23. Accusé par le gouvernement de soutenir les rebelles, il a justifié son retour par la nécessité de contribuer à la recherche de solutions à la crise sécuritaire. Dans une lettre adressée à Jeune Afrique le 8 avril, il affirmait vouloir rentrer "sans délai" en RDC après six ans de silence, une année d’exil, et face à la dégradation de la situation sécuritaire.
La majorité présidentielle considère ce retour comme une preuve de sa collusion avec la rébellion, tandis que le PPRD dénonce des accusations politiques infondées visant à masquer l’échec du gouvernement actuel.
Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a déclaré lors d’un point presse à Lubumbashi (Haut-Katanga) samedi 19 avril dans la matinée, que le déplacement de l’ancien président suscite des interrogations et qu’il convient d’attendre les suites de son retour pour en mesurer la portée :
« On attend de voir, on attend d'écouter, parce qu'il ne faut peut-être pas présumer certaines choses. Mais ici, il faut savoir d'abord que le président de la République en avait parlé. Il disait que le président, son prédécesseur, était lié à l'AFC depuis plusieurs mois. Maintenant qu'il décide de revenir, je n'ai pas encore la confirmation, on verra ce qui sera dit ».

La Gazette du Continent. 

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